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Ça y est, ils ont fait sauter la tour Eiffel 00:00

00:03

Ça y est, ils ont fait sauter la tour Eiffel 00:22

On pensait pas qu'ils oseraient mais le mal est fait 00:25

Comment on a pu en arriver là? Difficile à croire 00:27

La nuit a été calme, ils ont bombardé que trois fois 00:30

Je suis monté à Paris retrouver ma copine 00:32

La guerre nous a pris par le col, nous a sortis de la routine 00:35

Remplacé les fleurs par les pleurs, les murmures par les cris 00:37

Son immeuble a été touché, j'l'ai pas trouvée sous les débris 00:40

Je vais rentrer bredouille, rejoindre ma famille dans le premier train 00:43

Le départ est prévu pour demain matin 00:46

Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies 00:48

Ça fait 4 jours que j'ai pas d'nouvelles d'Oli 00:50

Putain c'est la guerre 00:53

On a cassé nos tours d'ivoire 00:54

Moi qui l'ait connu qu'au travers des livres d'histoires 00:56

J'veille sur la famille, c'est vrai, nos parents s'font vieux 00:59

On entasse des bus, on bloque les routes 01:01

On s'protège comme on peut 01:03

Et la foule suit ces fous sans camisole 01:04

Paraît qu'ils exécutent des gens place du Capitole 01:07

Quatre billets pour un ferry 01:09

Une chance de s'évader 01:11

Une nouvelle vie de l'autre côté de la Méditerranée 01:12

Les balles nous narguent, on a peur d'être au mauvais endroit 01:14

Mon frère m'a dit: Si j'reviens pas, partez sans moi 01:17

Difficile d'être au courant, ils ont coupé le réseau 01:20

Ça fait bientôt quatre jours que j'ai pas d'nouvelles de Flo 01:22

01:27

Bien sûr les bruits des wagons bondés me rendent insomniaques 01:56

Certains ont mis toute leur maison au fond d'un petit sac 01:58

Le train s'arrête et redémarre, me donne des haut-le-cœur 02:01

On a fait en deux jours ce qu'on faisait en six heures 02:03

J'dois rejoindre la famille au port de Marseille 02:06

Mais j'ai pris du retard, j'crois bien qu'ils vont partir sans moi 02:08

Quel cauchemar 02:11

Pas grave, j'les rejoindrai en barque 02:12

Pas de réseau, impossible de choper une barre 02:14

J'vois une enfant au sol, lui demande si elle est seule 02:17

Elle dit qu'elle a vu ses parents couchés sous des linceuls 02:19

Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies 02:21

Ça fait bientôt six jours que j'ai pas d'nouvelles d'Oli 02:24

Direction Marseille, un tas d'doutes dans la soute 02:27

On fait semblant d'pas voir tous les corps qui longent la route 02:30

Les villes ont changé, la vie et l'horreur aussitôt 02:32

Les métros sont des dortoirs, les cinémas des hôpitaux 02:35

Sous le port, on s'bouscule, on s'entasse devant 02:38

D'un coup le ferry apparaît, certains tueraient pour une place dedans 02:40

À bord, je pleure l'état de ce monde 02:44

On a attendu mon frère jusqu'à la dernière seconde 02:46

On veut pas être là-bas, on veut juste être autre part 02:49

Enfin respirer comme le lendemain d'un cauchemar 02:51

Le bateau démarre, je fixe son sillage sur l'eau 02:54

Ça fait bientôt sept jours que j'ai pas d'nouvelles de Flo 02:56

03:01

Arrivé sur le port de Marseille avec la petite fille dans mes bras 03:30

Presque un jour de retard, ils sont tous partis sans moi 03:32

Mais j'ai les contacts d'un passeur, une plage et une heure 03:35

Plus de trente, entassés, bien sûr, on ne voyage pas seul 03:37

Il me dit: Choisis la fille ou ton sac pour jeter du lest 03:40

Puis je vide mes poches et lui donne tout ce qu'il me reste 03:43

Et nous voilà partis, acteurs d'une drôle de fable 03:45

À la conquête du paradis sur mon bateau gonflable 03:48

On navigue loin d'ici 03:50

Et plus les vagues s'agrandissent, plus notre espoir rétrécit 03:53

Et ça tangue, et ça tangue 03:56

Certains tombent dans le ventre de la bête 03:57

Nous voilà en pleine tempête 04:00

En une seconde, la fille m'échappe et plonge 04:01

J'entends ses cris emportés par la mer qui gronde 04:04

La pluie, le sel et les larmes se mélangent 04:06

Une femme s'agrippe à mes hanches et m'entraîne dans la danse 04:09

Le bateau se retourne, on se colle et on coule 04:11

Nos appels à l'aide sont perdus dans la houle 04:14

Dire qu'il n'y a pas longtemps j'étais avec mes amis 04:16

On allait de bar en bar pendant toute la nuit 04:19

Mes poumons se remplissent d'eau et mes yeux se ferment 04:22

Mon âme éteint sa lanterne 04:25

Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies 04:27

Je n'aurai plus jamais de nouvelles d'Oli 04:30

04:34

Le bateau accoste 04:43

Première vision, des barbelés 04:44

Ça, mon frère ne m'en avait pas parlé 04:46

Encore des armes et des pare-balles 04:49

On nous fait signer des papiers dans une langue qu'on ne parle pas 04:51

On nous fouille, nous désinfecte comme des animaux 04:54

On nous sépare de mon père, pas le temps de lui dire un dernier mot 04:56

Dans des camps provisoires, des couvertures, un matelas 04:59

Un Niçois me raconte qu'il est là depuis des mois 05:01

Toulouse me manque déjà 05:04

Ma mère s'endort dans mes bras 05:05

Elle me répète tout bas que Flo nous rejoindra 05:07

La chaleur étouffe, on a vidé toutes les bouteilles 05:09

Dans un journal, j'apprends qu'ils ont fait sauter la Tour Eiffel 05:12

Le lendemain on nous entasse dans des bus 05:15

Les autres sur les uns, qui peut le moins peut le plus 05:17

Des centaines de fous accompagnent notre départ 05:19

Des poings brandis en l'air, des cris, des sales regards 05:22

Je croise celui d'un type qui scande avec ferveur 05:24

C'est la première fois du périple que j'ai vraiment peur 05:27

Je ne vois que lui au milieu de la foule 05:30

Sur sa pancarte, il est écrit "Rentrez chez vous" 05:32

05:36

Mais je suis désolé, on ne peut pas accueillir tous les Français 05:57

On ne peut pas accueillir tous les Français 05:59

Ils arrivent par milliers 06:01

Si ils avaient un minimum d'honneur 06:03

Ils retourneraient dans leur pays et combattraient pour la France 06:04

Ils combattraient pour défendre leur famille et leur honneur 06:08

C'est comme ça, je suis désolé 06:10

Nous on vient, on vient de Nantes, là 06:12

Et ils ont tout détruit, tout détruit à Nantes 06:14

Il reste plus rien, on avait tout là-bas 06:16

On vient de perdre tout ce qu'on avait 06:18

Euh, je sais pas quoi faire, je ne sais pas où aller 06:20

J'ai perdu des gens de ma famille 06:21

Eh bien aujourd'hui la plupart des problèmes de notre pays où on est 06:23

C'est d'la faute des Français, je suis désolé 06:26

Avant qu'ils arrivent chez nous, tout allait bien 06:28

Donc on ne peut pas non plus accueillir des gens 06:31

Qui viennent chez nous pour foutre le bordel 06:33

06:34

Rentrez chez vous

Par

Bigflo & Oli

Album

La Vie De Rêve

Vues

10,621,803

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Paroles:

[Français]

Ça y est, ils ont fait sauter la tour Eiffel

...

Ça y est, ils ont fait sauter la tour Eiffel

On pensait pas qu'ils oseraient mais le mal est fait

Comment on a pu en arriver là? Difficile à croire

La nuit a été calme, ils ont bombardé que trois fois

Je suis monté à Paris retrouver ma copine

La guerre nous a pris par le col, nous a sortis de la routine

Remplacé les fleurs par les pleurs, les murmures par les cris

Son immeuble a été touché, j'l'ai pas trouvée sous les débris

Je vais rentrer bredouille, rejoindre ma famille dans le premier train

Le départ est prévu pour demain matin

Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies

Ça fait 4 jours que j'ai pas d'nouvelles d'Oli

Putain c'est la guerre

On a cassé nos tours d'ivoire

Moi qui l'ait connu qu'au travers des livres d'histoires

J'veille sur la famille, c'est vrai, nos parents s'font vieux

On entasse des bus, on bloque les routes

On s'protège comme on peut

Et la foule suit ces fous sans camisole

Paraît qu'ils exécutent des gens place du Capitole

Quatre billets pour un ferry

Une chance de s'évader

Une nouvelle vie de l'autre côté de la Méditerranée

Les balles nous narguent, on a peur d'être au mauvais endroit

Mon frère m'a dit: Si j'reviens pas, partez sans moi

Difficile d'être au courant, ils ont coupé le réseau

Ça fait bientôt quatre jours que j'ai pas d'nouvelles de Flo

...

Bien sûr les bruits des wagons bondés me rendent insomniaques

Certains ont mis toute leur maison au fond d'un petit sac

Le train s'arrête et redémarre, me donne des haut-le-cœur

On a fait en deux jours ce qu'on faisait en six heures

J'dois rejoindre la famille au port de Marseille

Mais j'ai pris du retard, j'crois bien qu'ils vont partir sans moi

Quel cauchemar

Pas grave, j'les rejoindrai en barque

Pas de réseau, impossible de choper une barre

J'vois une enfant au sol, lui demande si elle est seule

Elle dit qu'elle a vu ses parents couchés sous des linceuls

Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies

Ça fait bientôt six jours que j'ai pas d'nouvelles d'Oli

Direction Marseille, un tas d'doutes dans la soute

On fait semblant d'pas voir tous les corps qui longent la route

Les villes ont changé, la vie et l'horreur aussitôt

Les métros sont des dortoirs, les cinémas des hôpitaux

Sous le port, on s'bouscule, on s'entasse devant

D'un coup le ferry apparaît, certains tueraient pour une place dedans

À bord, je pleure l'état de ce monde

On a attendu mon frère jusqu'à la dernière seconde

On veut pas être là-bas, on veut juste être autre part

Enfin respirer comme le lendemain d'un cauchemar

Le bateau démarre, je fixe son sillage sur l'eau

Ça fait bientôt sept jours que j'ai pas d'nouvelles de Flo

...

Arrivé sur le port de Marseille avec la petite fille dans mes bras

Presque un jour de retard, ils sont tous partis sans moi

Mais j'ai les contacts d'un passeur, une plage et une heure

Plus de trente, entassés, bien sûr, on ne voyage pas seul

Il me dit: Choisis la fille ou ton sac pour jeter du lest

Puis je vide mes poches et lui donne tout ce qu'il me reste

Et nous voilà partis, acteurs d'une drôle de fable

À la conquête du paradis sur mon bateau gonflable

On navigue loin d'ici

Et plus les vagues s'agrandissent, plus notre espoir rétrécit

Et ça tangue, et ça tangue

Certains tombent dans le ventre de la bête

Nous voilà en pleine tempête

En une seconde, la fille m'échappe et plonge

J'entends ses cris emportés par la mer qui gronde

La pluie, le sel et les larmes se mélangent

Une femme s'agrippe à mes hanches et m'entraîne dans la danse

Le bateau se retourne, on se colle et on coule

Nos appels à l'aide sont perdus dans la houle

Dire qu'il n'y a pas longtemps j'étais avec mes amis

On allait de bar en bar pendant toute la nuit

Mes poumons se remplissent d'eau et mes yeux se ferment

Mon âme éteint sa lanterne

Les hommes sont capables de merveilles et des pires folies

Je n'aurai plus jamais de nouvelles d'Oli

...

Le bateau accoste

Première vision, des barbelés

Ça, mon frère ne m'en avait pas parlé

Encore des armes et des pare-balles

On nous fait signer des papiers dans une langue qu'on ne parle pas

On nous fouille, nous désinfecte comme des animaux

On nous sépare de mon père, pas le temps de lui dire un dernier mot

Dans des camps provisoires, des couvertures, un matelas

Un Niçois me raconte qu'il est là depuis des mois

Toulouse me manque déjà

Ma mère s'endort dans mes bras

Elle me répète tout bas que Flo nous rejoindra

La chaleur étouffe, on a vidé toutes les bouteilles

Dans un journal, j'apprends qu'ils ont fait sauter la Tour Eiffel

Le lendemain on nous entasse dans des bus

Les autres sur les uns, qui peut le moins peut le plus

Des centaines de fous accompagnent notre départ

Des poings brandis en l'air, des cris, des sales regards

Je croise celui d'un type qui scande avec ferveur

C'est la première fois du périple que j'ai vraiment peur

Je ne vois que lui au milieu de la foule

Sur sa pancarte, il est écrit "Rentrez chez vous"

...

Mais je suis désolé, on ne peut pas accueillir tous les Français

On ne peut pas accueillir tous les Français

Ils arrivent par milliers

Si ils avaient un minimum d'honneur

Ils retourneraient dans leur pays et combattraient pour la France

Ils combattraient pour défendre leur famille et leur honneur

C'est comme ça, je suis désolé

Nous on vient, on vient de Nantes, là

Et ils ont tout détruit, tout détruit à Nantes

Il reste plus rien, on avait tout là-bas

On vient de perdre tout ce qu'on avait

Euh, je sais pas quoi faire, je ne sais pas où aller

J'ai perdu des gens de ma famille

Eh bien aujourd'hui la plupart des problèmes de notre pays où on est

C'est d'la faute des Français, je suis désolé

Avant qu'ils arrivent chez nous, tout allait bien

Donc on ne peut pas non plus accueillir des gens

Qui viennent chez nous pour foutre le bordel

...

Vocabulaire dans cette chanson:

Commencer la pratique

Vocabulaire	Significations
guerre /ɡɛʁ/ B1	noun - guerre
famille /fa.mij/ A1	noun - famille
foule /ful/ B2	noun - foule
pleurs /plœʁ/ B1	noun - pleurs
cris /kʁi/ A2	noun - cris
train /tʁɛ̃/ A1	noun - train
monde /mɔ̃d/ A2	noun - monde
larmes /laʁm/ B1	noun - larmes
espoir /ɛs.pwaʁ/ B2	noun - espoir
sac /sak/ A1	noun - sac
place /plas/ A2	noun - place
père /pɛʁ/ A2	noun - père
mère /mɛʁ/ A2	noun - mère
doute /dut/ B1	noun - doute
lien /ljɛ̃/ B2	noun - lien
barque /baʁk/ B2	noun - barque
tempête /tɑ̃.pɛt/ B2	noun - tempête

Grammaire:

Ça y est, ils ont fait sauter la tour Eiffel

➔ Passé Composé

➔ Utilise l'auxiliaire "avoir" + participe passé pour exprimer une action achevée dans le passé. "Ils ont fait sauter" signifie "ils ont fait exploser".
On pensait pas qu'ils oseraient mais le mal est fait

➔ Subjonctif (Subjonctif Imparfait)

➔ "Oseraient" est le conditionnel de "oser" (oser). L'implication est l'incrédulité qu'ils feraient une telle chose. L'expression "Le mal est fait" signifie "le mal est fait".
Comment on a pu en arriver là?

➔ Utilisation de "pouvoir" au passé (Passé Composé) avec l'infinitif pour exprimer la capacité ou la possibilité dans le passé

➔ "On a pu" exprime une capacité ou une possibilité dans le passé. La phrase entière se traduit par "Comment avons-nous pu en arriver là ?".
J'veille sur la famille, c'est vrai, nos parents s'font vieux

➔ Verbe pronominal au présent

➔ "S'font vieux" (se font vieux) signifie "deviennent vieux". C'est une construction pronominale très courante lorsqu'on parle du vieillissement ou des changements d'état.
Paraît qu'ils exécutent des gens place du Capitole

➔ Construction impersonnelle avec "paraître" + subjonctif

➔ "Paraît que" (il paraît que) introduit quelque chose entendu de seconde main. Bien que "paraître" ne nécessite pas toujours le subjonctif, dans ce contexte (information incertaine), cela renforce le sentiment de rumeur ou de fait non vérifié.
Certains ont mis toute leur maison au fond d'un petit sac

➔ Article partitif (sous-entendu) et passé composé

➔ Bien que cela ne soit pas explicitement indiqué, il y a un "de" (de) sous-entendu avant "toute leur maison", indiquant un sens partitif. "Ont mis" est le passé composé, indiquant une action achevée dans le passé.
On veut pas être là-bas, on veut juste être autre part

➔ Utilisation de "vouloir" + infinitif pour exprimer un désir

➔ "On veut être" est la forme conjuguée de "vouloir" (vouloir) suivie de l'infinitif "être" (être). Cette structure est utilisée pour exprimer un désir ou une intention.
Si ils avaient un minimum d'honneur, ils retourneraient dans leur pays

➔ Phrase conditionnelle de type 2 (proposition Si avec subjonctif imparfait + conditionnel)

➔ Il s'agit d'une situation hypothétique au présent. "avaient" est le subjonctif imparfait de "avoir", et "retourneraient" est le conditionnel de "retourner". Cela exprime quelque chose qui est peu probable.